Présentation provisoire réalisée à partir du document de Madame Rousselet, enseignante de maternelle. Merci à elle pour la clarté et la précision de son document.
Pascale est en train d'écrire une présentation de ce qu'elle développe dans sa classe. En particulier l'adéquation avec les programmes Education Nationale et les arts visuels.
Maria Montessori (1870-1952)
La première femme médecin en Italie.
Première bataille de Maria Montessori qui devra convaincre de son père au ministre de l’éducation Nationale de l’époque du bienfondé de son projet : devenir médecin.
Elle obtient le diplôme de médecine en 1896 et devient ainsi la première femme médecin d’Italie.
Début de carrière
En 1898, Maria Montessori travaille comme assistante à la clinique psychiatrique de Rome. Elle s’y occupe d’enfants arriérés, parqués dans des asiles. C’est là sa deuxième bataille : montrer que les enfants dont elle a la charge ont besoin d’être respectés mais aussi stimulés et actifs et non parqués dans des pièces vides.
En 1901, Maria Montessori se rend en France où elle découvre les travaux de Jean Itard (Victor Enfant sauvage. Ce dernier met en évidence le fait que l’enfant passe par des stades de développement (que Maria Montessori appellera période sensibles) qu’il est primordial d’accompagner sans quoi certaines acquisitions peuvent en être amoindries voire anéanties.
Maria Montessori, s’intéressant aux travaux de Jean Itard, découvre ceux d’Edouard Seguin. Ce dernier, disciple de Jean Itard, a mis au point un ensemble d’exercices basés sur les activités créées par son maître lors de son travail avec Victor. Ses travaux montrent que des enfants déficients progressent à bon rythmes et sont capables de présenter les mêmes examens que des enfants dits normaux.
La création de la maison des enfants :
Maria Montessori devient une spécialiste reconnue en matière de soins aux enfants arriérés. C’est en cette qualité que le directeur des logements sociaux de Rome s’adresse à elle pour s’occuper des enfants non encore scolarisés et issus de milieux défavorisés du quartier de San Lorenzo.
Elle ouvra alors la première « maison des enfants ». Nous sommes alors en 1906.
Les résultats sont surprenants. La presse s’empare du phénomène. Les visiteurs se font de plus en plus nombreux.
Les années de notoriété :
1909 : Premier ouvrage : La pédagogie Scientifique.
1913 : Maria Montessori se lance dans la formation d’enseignants. Les candidats viennent de tous les pays.
L’Italie devient fasciste et les écoles Montessori sont fermées. Les livres de Maria Montessori sont alors brulés en Allemagne et en Autriche. Maria Montessori quitte l’Italie en 1936 vers l’Espagne puis l’Angleterre et la Hollande. Elle fera de nombreux voyages vers l’Inde où les écoles Montessori sont très développées.
Elle décèdera le 6 mai 1952.
Les grands principes de la « pédagogie scientifique »
Le libre Choix
L’élève choisit son travail. Dans une classe Montessori, les élèves choisissent eux même leur travail. Cela est rendu possible par un matériel est facilement accessible. « L’activité de l’enfant est initiée par sa volonté propre et non par celle de l’enseignant ». Toutefois, l’enseignant qui observe le choix de l’enfant exercé librement sera à même de l’aider à progresser dans le domaine choisit.
L’élève choisit sa place. Les élèves s’installent là où ils en ont envie (sur telle ou telle table ou sur un tapis).
L’élève choisit le temps que dure la manipulation. Les élèves peuvent faire et refaire l’activité autant de fois qu’ils le désirent. Répéter la manipulation permet à l’enfant de satisfaire sa curiosité, de répondre à sa recherche personnelle. Il ne s’arrête de travailler que lorsqu’il estime avoir atteint la satisfaction. Le choix et la répétition engendrent la concentration chez l’élève.
L’élève doit ranger son activité au bon endroit.
Un point sur l’autodiscipline : « L’enfant laissé libre d’agir selon sa propre sensibilité a pour seul but de rechercher une activité qui réponde à ses besoins. Il perd alors tout intérêt à des actes désordonnés et destructeurs. Ainsi autodiscipline et liberté vont de pair.
Quelques règles simples régissent l’activité et cadrent la liberté :
- On fait peu de bruit lorsque l’on se déplace.
- On parle à voix basse. Lorsqu’il veut attirer l’attention de la maîtresse l’enfant pose sa main sur son épaule ou sa jambe et s’adresse à elle en chuchotant.
- On range son matériel
- On ne prend un matériel que s’il est rangé à sa place.
- On peut demander de l’aide à la maitresse ou à un autre enfant.
- On ne peut prendre un matériel que s’il a été présenté. (ce qui relativise le choix de l’activité)
Si les règles ne sont pas respectées on peut isoler l’enfant.
Les enfants sont très attentifs à l’ambiance de classe. Ils sont peu nombreux et la maitresse donne dès le départ un cadre pour que chacun puisse s’épanouir dans le respect des camarades.
Voici les règles présentes dans ma classe :
L’esprit absorbant
Maria Montessori compare l’enfant à une éponge : l’enfant absorbe les informations (positives ou négatives) de son environnement. (ex : l’enfant qui apprend à parler sa langue maternelle n’a pas besoin de cours.)
« Chez nous les adultes, c’est l’intelligence qui nous permet d’acquérir la connaissance, alors que chez l’enfant, c’est sa vie psychique… Les impressions ne se bornent pas à pénétrer dans son esprit, elles le forment. » (Maria Montessori)
Les périodes sensibles
Maria Montessori a beaucoup observé les enfants qui lui étaient confiés cherchant à déterminer les raisons qui les poussent dans leurs choix d’activités. Elle a alors mis en évidence que l’enfant traversait ce qu’elle a appelé des « périodes sensibles » pendant lesquelles il se passionne pour une seule source d’intérêt.
La pédagogie de Maria Montessori repose sur la capacité de chaque enfant à grandir grâce à une force intérieure qui le pousse à dépasser les difficultés pour aller à la conquête du monde extérieur. Maria Montessori nomme ce phénomène « les périodes sensibles ». Il s’agit de repères temporels de la vie de l’enfant, quand celui-ci est absorbé par un fait particulier de son environnement.
Les périodes sensibles se caractérisent par le besoin d’ordre autour de soi, par l’usage de la main ou du langage, le développement de la marche, la fascination pour de très petits objets ou de détails infimes… C’est dans ces moment-là que l’enfant éprouve de l’intérêt et du plaisir.
« Ses périodes sont limitées dans le temps et ne concernent l’acquisition que d’un seul caractère déterminé. Une fois ce caractère développé, la sensibilité cesse pour être très vite remplacée par une autre source d’intérêts.» (Maria Montessori)
Tous les enfants présentent les mêmes périodes sensibles mais pas forcément aux mêmes âges. Toutefois, certaines caractéristiques ont été mises en évidence par Maria Montessori.
- Période sensible du mouvement (de l’intra utérin jusque vers 5 ans) : l’enfant a besoin d’expérimenter avec son corps
- Période sensible au langage (de la naissance à 6 ans) Après l’âge de 6 ans, l’apprentissage d’une langue devient beaucoup plus difficile pour l’enfant. Dans le privé, les écoles Montessori ont souvent un enseignement bilingue.
- Période sensible à l’ordre (début de la première année et jusque vers 3 ou 4 ans). Sensibilité pour les rituels.
- Période sensible du raffinement sensoriel (de la naissance jusqu’à 6 ans) c’est le matériel sensoriel.
L’ambiance : Un environnement pédagogique préparé, pensé pour stimuler l’enfant
« Guidé par ses périodes sensibles et son esprit absorbant, l’enfant choisit son travail. Mais cette liberté de choix est toute relative car il choisit son travail dans un environnement où rien n’est laissé au hasard. Celui-ci est méticuleusement préparé. » (Béatrice Missant)
« L’ambiance »
« L’ambiance » ou l’environnement de l’élève doit l’amener à s’épanouir or de l’intervention de l’adulte. Il doit pouvoir être autonome. Le milieu doit lui permettre de « se libérer de l’adulte ».
- Petit mobilier
- Etagères ouvertes et accessibles
- Tapis
- Espace nettoyage (balais, éponge, pelle, balayette…)
- …
L’espace classe doit permettre à l’enfant de prendre soin de la classe mais aussi de lui-même.
L’environnement doit être préparé dans un souci esthétique pour donner envie à l’enfant d’aller vers les ateliers. L’espace sera clair et vaste.
L’environnement doit être bien ordonné. L’ordre procure la sécurité qui permet à l’enfant le calme et la concentration.
Le matériel
- Dans la classe Montessori, chaque matériel se trouve en exemplaire unique ce qui permet d’éviter la compétition inutile entre les enfants et favorise l’entraide, la solidarité et la tolérance.
- Il doit être limité en quantité pour permettre d’être mené jusqu’au bout et réinvesti plusieurs fois.
- Il doit toujours être complet et faisable (le tester avant).
- Le matériel développe les capacités intellectuelles en partant toujours du concret pour aller vers l’abstrait, et du simple au complexe. La difficulté des activités est progressive afin de permettre à l’enfant de bien consolider chaque étape et de ne pas être mis en échec. Le matériel est installé en fonction de son degré de difficulté dans le sens de l’écriture : en haut à gauche le matériel le plus facile, et en bas à droite le plus difficile.
- Chaque difficulté est isolée (ex tri couleur pas forme), pour ne pas disperser l’attention de l’enfant et lui permettre d’accéder à la concentration. Avec là encore, toujours la même idée de progression. Ex tour rose, escalier marron barres rouges.
- Chaque matériel comporte un contrôle de l’erreur ce qui permet à l’enfant de s’émanciper du jugement de l’adulte. Il apprend ainsi à travailler pour lui-même et à s’autoévaluer. L’autocontrôle permet la construction d’une bonne estime de soi..
Le rôle de l’adulte
- Il observe l’élève.
- Cible la période sensible
- Propose de présenter un plateau (ou non)
- Montre à l’enfant comment faire (en allant lentement et en décomposant le mouvement).
- Encourage l’enfant à faire et refaire.
- Il ne fait jamais à la place de l’enfant : Maria Montessori disait : « Toute aide inutile est une entrave au développement de l’enfant ».
- Les enfants sont souvent confrontés à des situations où ils doivent se « débrouiller ». Lorsque la maitresse intervient auprès d’eux, elle doit le faire sans leur donner des solutions mais en dialoguant avec eux et en les invitant en permanence à réfléchir.
La juste place de l’éducateur se situe quelque part entre le retrait et la disponibilité.
La présentation d’un atelier :
Quand la maîtresse fait une présentation d’atelier…
- Si elle est collective, les enfants ne doivent pas parler. Ils observent puis nous en discutons tous ensemble à la fin.
- Si elle est individuelle et qu’elle s’adresse à un autre qu’à lui, l’enfant ne doit pas déranger la maîtresse et attendre la fin de la présentation.
- Présentation individuelle :
La maitresse s’installe à la droite de l’élève si celui-ci est droitier, à gauche s’il est gaucher.
La présentation se fait dans le silence.
La maitresse montre du début (je vais chercher le plateau) jusqu’à la fin (je repose le plateau).
Elle présente le travail en allant tout doucement.
Elle parle un minimum et de préférence à la fin, si nécessaire, pour donner des éléments de vocabulaire.
Ne jamais présenter à un enfant un exercice qu’il n’est pas capable de faire.
Les exercices doivent être toujours remis dans leur état initial pour permettre à un enfant de le refaire après.
D’autres enfants peuvent regarder un enfant faire l’exercice mais ils ne doivent pas participer. A nuancer : dans ma classe, il peut m’arriver de présenter un atelier à plusieurs enfants en même temps et d’autoriser ces mêmes enfants à faire l’exercice ensemble.
Il est nécessaire de bien observer les enfants pour voir quand un enfant se sent frustré ou quand il est prêt à faire un nouvel exercice
Une fois le travail réalisé, le maître ou la maîtresse donne une leçon en trois temps.
La spécificité du matériel Montessori :
Le matériel Montessori provoque toujours un mouvement. Ce mouvement est créateur de savoir : L’intelligence de l’enfant se construit par l’exploration de ses sens et le travail de sa main. Le libre choix apporte un plus : l’implication. Tout ceci a été confirmé par des études neuroscientifiques récentes.
5 domaines d’expérimentation :
• Vie pratique
–T ravail de la main, de la dextérité.
– Travail de l’ordre et de la concentration
• Vie sensorielle
– A travers les 5 sens construction de concepts liés à l’espace, la géométrie, la connaissance des couleurs, etc.
• Mathématiques
– Numération
• Langage
– Vocabulaire,
– Lecture,
– Ecriture (graphisme)
• Culture
– Connaissance du monde qui nous entoure : géographie, botanique, zoologie…
• Un petit plus dans notre classe : le coin arts visuels
Utilisation autonome des outils permettant de dessiner (feutres, craies grasses, peinture…)
Vie pratique :
Ces activités doivent permettre à l’enfant de construire son autonomie. Elles l’aident à s’occuper de lui, à prendre en charge l’ambiance mais aussi à apprendre les « codes de son groupe social (ex : ouvrir et fermer des bouteilles).
Pour ces exercices on utilise du matériel cassable. C’est important car cela aide l’enfant à canaliser son énergie et poser son attention.
Montrer des exemples de plateaux.
Buts directs : verser transvaser
Buts indirects :
- Motricité fine, développement de l’attention et de la concentration ;
- Contrôle des mouvements (doigts, poignets, main, pouce-index)
- Coordination des mouvements
- Perception oculomotrice ;
- Contrôle total de sa personne (aller chercher le matériel fragile, le transporter jusqu’à sa table dans le dédale de la classe) ;
- Education au mouvement, à l’ordre, à la précision du geste.
sur son plateau. Il ne peut passer au plateau suivant que lorsqu’il maitrise les verser simples.
Vie sensorielle
Chaque élément du matériel permet d’isoler une qualité et d’exercer un seul sens. L’attention de l’enfant est concentrée sur une seule qualité et l’enfant compare les objets en fonction de cette qualité.
Le matériel est au départ très simple mais se complexifie selon une progression régulière. Les contrastes et opposition sont d’abord très nets puis deviennent de plus en plus subtils.
Présentation tour rose, escalier marron et barres rouges. Lire sur le power point et présenter en live + contrôle de l’erreur.
Le vocabulaire correspondant aux perceptions sera donné.
Education intellectuelle
C’est l’apprentissage de la lecture, l’écriture, les mathématiques.
Il découle des activités sensorielles et ne doit être utilisé qu’à la demande de l’élève.
Présentation de la progression math.
Présentation de la progression lecture.
La leçon en trois temps :
1. Vocabulaire :
La maîtresse montre et donne les éléments de vocabulaire avec le mot exact :
L’objet et le nom doivent uniquement servir à frapper la conscience de l’enfant : c’est pour cela qu’il est indispensable qu’aucun autre mot ne soit prononcé. (ex : « ça c’est rouge…rouge », « ça c’est bleu…bleu », « ça c’est jaune …jaune »)
2. Montre, touche, prends…
Quand l’enseignant a constaté que l’enfant a compris et qu’il est intéressé (s’il ne l’est pas et ne fait pas d’effort, il faut suspendre la leçon), il observera un temps de silence. Puis il demandera à l’enfant lentement, et en prononçant très clairement le nom seul (ou l’adjectif) enseigné : ex : « montre ce qui est jaune ». Il répétera plusieurs fois la question mais éventuellement de façon différente ex : « montre, touche, prend… ce qui est rouge ».
3. Qu’est ce que c’est ?
On isole tour à tour les trois éléments, on n’en montre qu’un et on demande : « qu’est-ce que c’est ? ». On le met de côté, on montre un autre et on redemande : « qu’est-ce que c’est ? » et ainsi avec le troisième. L’enfant est ainsi conduit à donner le vocabulaire.
Trois temps auxquels j’ajoute, dans ma classe, un quatrième :
4. Ce que j’ai appris aujourd’hui :
Pour se souvenir du nom correspondant à l’objet : Il est important de conclure cette leçon par : "aujourd’hui, tu as appris «jaune»" et l’enseignant touche la plaquette jaune, "et «bleu»" et l’enseignant touche la plaquette bleue, «rouge» et l’enseignant touche la plaquette rouge.
On présente en général les objets, ou les lettres, ou les chiffres, ou les couleurs, etc… trois par trois.
Pour un très jeune enfant ou un enfant qui a quelques difficultés (dyslexie, dyscalculie, difficultés d’apprentissage pour toute raison), on peut cependant faire des présentations avec deux objets.
Pour les enfants autistes également, on ne présente que deux objets à la fois et il faut plusieurs fois revenir dessus sans ne jamais montrer de lassitude.
Avec l’enfant autiste, il faut aussi faire attention au fait qu’il aura tendance à refaire de nombreuses fois le même exercice. Autant avec l’enfant dit « normal » on le laisse dans la répétition, au contraire on en est contents tandis qu’avec l’autiste il faut l’arrêter.
De même avec l’enfant dit « normal » on le laisse choisir son travail, avec l’enfant autiste il faut être plus directif et lui proposer le travail. Lorsqu’on donne un choix il faut qu’il soit restreint.